agneaux couchés dans la paille
Photo d'un troupeau de mouton
Contexte de l’interview avec le berger communal – Photo Cécile Levesque

Benoit Voisin, berger du troupeau de moutons chargé d’entretenir les coteaux autour de la vile d’Evreux depuis 2004 : ” Mes chiens sont mes collègues de travail “

Il y a 16 ans, à Evreux, a commencé une nouvelle gestion plus respectueuse de l’environnement : l’éco-pastoralisme. Avec le soutien du réseau Natura 2000, le cheptel d’ovins a pu s’agrandir et maintenir une gestion durable des coteaux.

L’éco-pâturage et l’éco-pastoralisme

Bien que l’éco-pastoralisme et l’éco-pâturage soient des moyens de gestion utilisant un cheptel de ruminants, il y a plusieurs différences.

L’éco-pâturage est un moyen de substitution aux engins mécaniques. Il est utilisé par des prestataires, propriétaires d’ovins, pour répondre aux besoins de commanditaires.

A contrario, l’éco-pastoralisme est un moyen d’entretien qui exige moins de pression sur le milieu. Dans cette pratique, le berger garde au bâton son troupeau à l’aide de ses chiens. De plus, il déplace régulièrement ses animaux afin qu’ils sélectionnent d’eux-mêmes leur alimentation, ce qui permet de laisser la possibilité aux espèces indigènes de proliférer. Déjà pratiqué par nos ancêtres, il est maintenant utilisé dans nos villes.
L’éco-pastoralisme dans une ville

Le berger et sa houlette avec une partie du troupeau d’ovins accompagnés d’un âne - Photo Cécile Levesque
Le berger et sa houlette avec une partie du troupeau d’ovins accompagnés d’un âne – Photo Cécile Levesque

En 2004, la Ville d’Evreux a fait l’acquisition d’un cheptel d’une vingtaine de moutons afin de réaliser de l’éco-pastoralisme pour entretenir les coteaux qui entourent la ville. Aujourd’hui, Benoit VOISIN, le berger communal veille sur le troupeau qui compte environ 380 ovins, mobiles sur 107 hectares, comportant cinq races : la Solognote, le Berrichon de l’Indre, le Roussin de la Hague, l’Ouessant et le Scottish Black Face.

Les Ouessants sont adaptés à l’animation du jeune public grâce à leur petite taille. Tout comme les Solognotes, les Berrichons de l’Indre et le Scottish Black Face qui sont rustiques, elles pâturent les coteaux. Quant aux Roussins de la Hague, il s’agit d’une race herbagère. La diversité des races a aussi été réfléchie pour un aspect pédagogique.

Grâce à la diversité des plantes herbacées (poacées, fabacées), les ovins ont un régime alimentaire varié. Cependant, une des problématiques pour la ville est la présence du pois vivace (Lathyrus latifolius), qui est une fabacée toxique pour les êtres vivants. Elle pousse sur les coteaux où le berger fait pâturer ses bêtes. La ville travaille actuellement sur ce sujet en partenariat avec le CENN (Conservatoire des Espaces Naturels de Normandie), l’université de Mont-Saint-Aignan et un laboratoire allemand pour étudier la génétique de cette plante.

La gestion par les ovins sur le milieu naturel

Les ovins ont une capacité d’absorption dans leurs panses qui varie de 40 à 50 litres selon leur gabarit. Les brebis non gestantes peuvent consommer jusqu’à 4 kilogrammes de fourrage par jour et celles gestantes peuvent en ingérer le double.

Photo d'un agneau

Le berger nous rappelle que : “l’éco-pastoralisme n’apporte que du positif aux milieux naturels”. Les ruminants aident notamment à la dissémination des graines via la sélection des plantes, l’épizoochorie (dissémination des graines qui s’accrochent dans la laine) et leurs déjections. Ils permettent de conserver le milieu ouvert et donc de laisser la possibilité aux herbacées de s’exprimer. Cette gestion apporte une richesse écologique, notamment faunistique.

Grâce à leur sélection et à leur rythme, l’entomofaune (l’ensemble des insectes) peut réaliser son cycle de vie. La laine des moutons est utilisée par l’avifaune (l’ensemble des oiseaux) pour la fabrication des nids.

Outre les aspects écologiques, les ovins apportent des avantages aux structures : coûts moins élevés, pollution atmosphérique et nuisances sonores moindres, etc. Tous ces avantages favorisent la préservation du milieu et de son écosystème, ainsi que la tranquillité des habitants.

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