Jean-Louis Debré sera au Cadran le 10 octobre pour la pièce de théâtre Ces femmes qui ont réveillé la France, écrite à quatre mains avec Valérie Bochenek qui lui donne la réplique. L’ancien maire d’Évreux et président de l’agglomération (2001-2007) monte pour la première fois sur les planches. Une nouvelle corde à son arc. Interview.
- La pièce de théâtre que vous signez et interprétez depuis plusieurs mois maintenant est tirée d’un de vos livres, cosigné avec Valérie Bochenek, intitulé Ces femmes qui ont réveillé la France. Comment ce livre a-t-il été reçu à sa sortie en 2014 ?
Il a connu un bon succès de librairie et, dans la foulée, j’ai reçu de nombreuses sollicitations pour venir en parler lors de conférences, de rencontres publiques… c’est ainsi que l’idée a germé de l’adapter au théâtre.
- Pourquoi évoquer ces femmes du passé, alors que les femmes ont aujourd’hui toute leur place, à tous les postes, y compris en politique ?
Toute leur place… ? Oui et non, même si des progrès considérables ont été faits toutes ces dernières années. L’histoire a longtemps été écrite par les hommes, ne l’oublions pas. N’oublions pas non plus que pour conquérir leurs droits, civils et civiques, des femmes ont joué un rôle essentiel. S’il n’y avait pas eu la loi qui impose aux partis politiques de faire figurer des femmes sur leurs listes, je ne suis pas sûr qu’on aurait aujourd’hui la parité. Rappelons qu’il a fallu attendre 1963 pour que les femmes soient autorisées à ouvrir un compte en banque sans avoir l’autorisation de leur mari ! Des réticences existent encore qui pénalisent les femmes ici et là. Il y a encore quelques frontières à faire tomber, c’est certain. Je considère que l’égalité est un combat républicain, hommes et femmes ont les mêmes droits. Il faut continuer le chemin vers encore plus d’égalité.
- Existe-il un trait commun entre ces femmes ? Ou bien quelque chose qui les prédestinait à oser s’affirmer, quitte à bousculer leur époque, les convenances, à s’affranchir de la tutelle masculine ?
Une des caractéristiques de toutes ces femmes, c’est leur ancrage profondément républicain. La République, c’est la liberté. Mais il n’y a pas de liberté sans égalité, et il n’y a pas plus de fraternité sans liberté et égalité. Ces femmes étaient convaincues que la France devait s’ancrer définitivement dans la liberté et dans l’égalité comme bien commun. Et dans le monde que nous vivons, il n’est sans doute pas inutile de rappeler un certain nombre de principes, notamment l’égalité entre les hommes et les femmes.
- Quel est le ton de la pièce qui évoque des femmes qui ont traversé l’histoire, laquelle a parfois été tragique pour elles ;klmk ?
La pièce se veut instructive mais aussi divertissante et drôle. Elle alterne des saynètes, des chants, de la musique… Le combat de ces femmes nous laisse parfois rêveurs et nous fait rire. J’ai retrouvé par exemple la proposition de loi d’un député qui porte comme titre « Interdiction d’apprendre à lire et écrire aux femmes ». Un autre explique que permettre aux femmes de travailler signerait « la fin du capitalisme et l’entrée dans le collectivisme ! » Cela nous fait rire aujourd’hui, mais cela nous amène à réfléchir quand on suit l’actualité de notre monde.
- Parmi ces 20 femmes, laquelle préférez-vous ?
C’est une question difficile car je les aime toutes ! Parmi elles, figure la première femme avocate dont j’avais retrouvé trace du temps où j’étais magistrat. Elle s’appelle Jeanne Chauvin ; mais les livres ne la mentionnaient pas. Et quand elle prête serment, le bâtonnier de l’Ordre des avocats lui déclare que « la justice est une chose trop sérieuse pour que les femmes aient leur place dans les prétoires ! »
- C’est la première fois que vous montez sur les planches. Comment vivez-vous cette expérience ?
J’ai le trac dans les minutes qui précèdent le lever de rideau, car le public n’est jamais le même d’un soir à l’autre, d’une ville à l’autre ; les salles sont toutes différentes… Il y a donc de l’appréhension à chaque fois. Mais elle s’estompe au fur et à mesure que la pièce se déroule et cela se transforme en bonheur de jouer devant un public.
- Cette pièce « marche » bien ?
On peut le dire je pense. Nous l’avons jouée 147 fois à Paris, puis nous avons entamé une tournée en France avec 40 dates. Nous venons de jouer la pièce à Beyrouth, au Liban, pour la communauté francophone (NDLR : début septembre 2023), puis en Grèce devant un public francophone également, et nous jouerons en Belgique, en Suisse et au Luxembourg après la représentation d’Évreux. Avant de repartir pour d’autres dates à travers la France.
- Jouer à Évreux, devant une salle ou nombre de visages vous seront familiers, cela suscite-t-il un sentiment particulier ?
Cela m’impressionne beaucoup et, pour tout dire, m’angoisse un peu !
- Avez-vous d’autres projets en cours, livre, pièce de théâtre, cinéma ou télé pourquoi pas… puisque vous touchez à beaucoup de domaines ?
Je suis en cours d’écriture d’un scénario pour une série policière destinée à la télévision.