Transall

Après une tournée d’adieux partout en France, le 20 mai dernier a eu lieu la cérémonie de retrait du Transall à la BA 105 d’Évreux présidée par le Général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace.

Surnommé Pollux à cause de son nez écrasé comme celui du célèbre chien du Manège enchanté, l’avion-cargo a effectué toutes les missions militaires et humanitaires de l’armée française. Il a posé ses roues partout dans le monde jusqu’aux zones les plus arides des sables du Sahel. Cet appareil extraordinaire, véritable couteau suisse de l’armée de l’air, était capable de transporter aussi bien les troupes, les blessés que du matériel. Il servait également pour les ravitaillements en vol.

« C’est une journée spéciale et particulièrement chargée en émotions. Nous disons au revoir et nous rendons hommage au Transall qui a servi pendant plus de cinq décennies au sein de l’armée de l’air et de l’espace, engagé sur tous les théâtres d’opération et sur tous les continents. » précise la colonelle Solène Lefloch.

Cette dernière a personnellement connu l’appareil en tant que pilote avant de prendre ses fonctions à la BA105 :

« c’est mon avion de cœur, j’ai 3500 heures de vol, c’est autant de missions et de souvenirs, et d’engagements en opérations extérieures. C’est une part de chacun d’entre nous aujourd’hui qui part dans l’histoire. Le transall c’est une formidable aventure humaine

Rustique avec sa carlingue tout terrain, « le 4×4 des airs » a marqué l’histoire de la BA 105 et de tous ceux qui l’ont connu. Sur le tarmac de la base aérienne, l’hommage était émouvant et les anecdotes nombreuses.

Éric, 65 ans, ex-mécanicien personnel navigant, a plus de 6000 heures de vol au compteur. Aujourd’hui à la retraite, il est maire de Cesny-aux-Vignes (Calvados), il a travaillé sur le Transall de 1985 à 2001. Des conflits armés, des évacuations sanitaires, des bombardements, des coups d’états, des décollages express, des atterrissages risqués, quelques frayeurs parfois, des accidents, des foudroiments, mais aussi surtout beaucoup de bons souvenirs :

« J’ai travaillé 15 ans sur la machine, j’ai forcément une petite nostalgie. C’était un super avion avec lequel j’ai franchi l’équateur et volé en-dessous du niveau de la mer à Djibouti ! J’ai participé à des missions en Afrique et en Ex-Yougoslavie. J’ai parachuté des poulets vivants au Gabon pour les troupes françaises ou encore 1000 œillets pour l’inauguration d’un pont à Rouen. Nous avons même assuré la livraison du repas de Noël pour des légionnaires dans le désert du Tchad. Après des missions éprouvantes, je me souviens du réconfort de voir des étoiles filantes dans le ciel. »

John, lieutenant-colonel, 23 ans sur l’appareil et 6500 heures de vol :

« J’ai commencé sur transall et je finis sur transall. C’est un jour symbolique. Je suis très ému car le transall c’est toute ma vie dans les armées. C’est un clap de fin. C’est certes une page de l’histoire de l’aéronautique qui se tourne mais c’est aussi un renouveau pour l’armée de l’air avec de belles machines C 130 J – Super Hercules ou l’A400M qui vont continuer de porter les belles couleurs de la France partout dans le monde. »

Arnaud, fait partie de la jeune génération, il s’est formé 3 ans sur Transall mais pilote désormais des C 130 J qui sont deux fois plus puissants grâce à leur double hélice et leurs quatre moteurs, il reste quand même nostalgique de cet appareil mythique :

« Le transall c’est l’avion sur lequel j’ai appris à piloter. Le Transall est terme de sensation de pilotage c’est le top ! Je ne l’oublierai jamais son bruit et sa souplesse aux commandes. »

L’avion mythique de 32 tonnes a tiré officiellement sa révérence après 59 années de service. Les plus jeunes n’auront pas eu la chance de le connaître. Heureusement, Marc, 10 000 heures de vol dans l’armée de l’air, président de l’association « Génération Transall » depuis 2014, milite pour la mémoire de ce patrimoine aéronautique et la préservation de ces avions de collection. Il récupère les transalls pour éviter qu’ils ne finissent à la casse. Grâce à lui, certains modèles rejoindront prochainement les collections des Musées de l’aéronautique à Toulouse et du Bourget.

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